Caractère & traits principaux
“Que savez-vous de moi si ce n’est ce que je décide de vous montrer ?”
Le regard fier, le port altier, des gestes précis et dénués de fioritures. Une démarche volontaire, une allure audacieuse et c’est toujours résolue qu’elle s’avance au-devant de la scène. Se tenir aux premières loges et profiter des dernières avancées.
Béatrice se pose rarement des questions philosophiques, parce qu’elle qualifie cela de perte de temps et refuse de gaspiller son énergie en ineptie. Cela, sert-il de remettre en question son être le plus profond ?
Peut-être pour certains, mais pas pour elle, la vie file entre les doigts avant que l’on ne puisse s’en rendre compte. Agir, ne pas se retenir, penser oui, mais toujours après. Se concentrer sur son rêve, celui de toucher les étoiles par la pierre.
Dis-moi Béatrice si tu pouvais faire un vœu, que désirerais-tu ? Rien, je ne désire rien, sauf qu’on me laisse tranquille. Vous, vous tous vous préférez le soir vous asseoir et rêver à travers les carreaux de vos fenêtres. Sérieusement, qu’attendez-vous ? La bouche grande ouverte entre vos dents rien d’intelligent ne sort. Vous qualifiez votre ennui de mélancolie et n’hésitez pas à jouer les romantiques.
Savoir se tenir en société pour passer inaperçue, mais s’exprimer sans retenue quitte à blesser. Se faire un nom, Entrer dans les livres, avoir peut-être en son honneur des chants et des récits. Briller, étinceler, rayonner plus que quiconque.
Ne rien se refuser pour y arriver, car la seule règle est de s’écouter. S’attacher à ceux et celles qui peuvent nous servir et ne pas hésiter à les abandonner. Ils oublieront tous très rapidement ce qui vient de se passer.
Vous voyez cette dame là-bas qui porte d’élégantes robes aux couleurs du soleil ? Pour elle, l’irréalisable est source d’inspiration, car si on mobilise suffisamment de ressources, tout devient possible. Il suffit d’y croire.
“Ce n’est pas par mon apparence que je brillerai, mais par mes compétences.”
570 - Chaufazur - Dans le ranch des Leadell
“Monsieur, votre femme est là, elle vous demande.”
“Dites-lui de repasser je ne peux pas quitter le chevet de Lina, son accouchement se passe mal d’après le médecin.”
“Pourtant, elle m’a bien précisé de ne pas revenir sans vous.”
“Qui est ton patron ici ? Alors, tu as intérêt à m’écouter, moi.”
La domestique fit demi-tour sans éterniser l’entrevue qui se révélait déjà dangereuse à ce stade. De l’autre côté, avachit sur un canapé, Madame Leadell pleurait tout son soûl, inconsolable depuis ses derniers mois, elle offrait ce triste spectacle à tous les résidents, sans distinction de race ni de rang. Depuis que Monsieur avait décidé de féconder une autre, les raisons de son existence n’étaient plus et à mesure que le ventre de Lina s'était arrondi, sa vie à elle s’échappait de son enveloppe charnelle.
“Je ne pourrais pas l’élever, non, le fruit de cet adultère est déjà pourrit. Ils ont tous les trois fauté, que la Mort les emportent.”
Alors qu’elle prononçait ses sombres paroles, son mari sorti de la pièce le bébé dans les bras et la fusilla du regard. Celle qui l’aimait depuis plus de dix ans ne parvenait même pas à calmer sa jalousie fasse au nouveau-né. Devait-il payer pour la stérilité de cette dernière ? Devait-il se punir et priver son nom d’une descendance ? Devait-il céder à ses caprices, encore une fois ? Non, qu’elle pleure et qu’elle pleure bien, car elle ne recevra aucun soutien de sa part.
580 - Fraichrosée - Dans le ranch des Leadell
La petite Béatrice courrait encore dans les couloirs, suivit de Lina qui tentait de l’arrêter. L’enfant venait une énième fois d’échapper à ses leçons de savoir vivre, fatiguée de jouer la comédie, elle s’était empressée de sortir quand sa professeure tourna le dos. Dans un bureau annexe, la femme de son père organisait ses affaires. Depuis le fameux jour, elle ne voulait en aucun cas croiser la route du diable de la maison. Personne dans leur entourage n’osa contester sa décision ni les interrogea sur les nouvelles dispositions qu’ils prirent ; chambre à part, arrivées différées aux événements, sortie public de Lina au bras de son conjoint… Un soupir s’échappa, dehors la gamine venait de rejoindre sa fidèle monture et faisait tourner en bourrique sa génitrice.
591 - Sombrétoile - Dans le ranch des Leadell
“Ta nouvelle sculpture... Comme elle est belle ! Tu dois passer énormément de temps à travailler dans ton atelier… Tu as abandonné les chevauchées sauvages ? Et ta mère elle devient quoi ? A ce qu’on dit, le temps ne lui fait pas de cadeaux. Et ton père ? Il a une nouvelle femme ? Elle est devenue quoi la dernière ?”
Béatrice fit volte-face, celle qui venait de déverser ouvertement son venin s’appelait Irina, une proche parente qui rêvait d’obtenir une part de la fortune familiale. Quand on l’invitait au Ranch, elle ne pouvait s’empêcher par pure méchanceté de révéler les moindres secrets tous plus honteux les uns que les autres. Seule l’héritière osait lui tenir tête et ne pas se défiler.
“Mêle toi de ce qui te regarde. Ma parole, notre famille doit être maudite pour ne contenir que d’horribles personnages.”
En s’éloignant elle put enfin respirer correctement et rejoignit son cercle intime bien plus sain pour sa santé mentale. Les affaires de son paternel ne la concernaient pas, les coups qui lui asséna dans son enfance la dissuada bien vite de s’impliquer. En soi, la pratique de la sculpture n’était que son violon d’Ingres, l’art de bien bâtir par contre…
600 - Primaube - Asellus
Sa nouvelle demeure semblait bien vide par rapport au ranch familial qu’elle venait tout juste de quitter en presque trente ans de vie. Après la mort du chef de famille, en toute logique elle reprit les rennes, mais las des étendues désertiques d’Andoria elle mit à sa place son jeune frère, il serait là-bas ses yeux et ses oreilles. Son ascension dans la guilde des Érudits ne fut pas dénuée d’embûches. En effet, un esprit aussi libre et déluré ne plaisait pas, et ce, à l’unanimité. Ses plans osaient l’originalité, quitte à défigurer l’harmonie générale ; elle aimait le caractère, la rudesse, voir ce que l’on peut qualifier de kitsch. Son étude de la sculpture lui permettait de dessiner à merveille les moulures, cheminées et décorations en général. En allant à la capitale elle espérait trouver des clients moins tatillons, qui lui donnerait sa chance. Les Salamandars lui manqueraient, comme ses repères, mais elle devait changer ses habitudes pour atteindre l’excellence. Espérons que les astres seront de son côté dans cette aventure.