Mon œuvre consiste en une vie sacrifiée pour une vie sauvée || Leth Noblewind

Ascète & Patient / Affligé & Insomniaque :
N’ayant pratiquement que connu la vie à la Citadelle, je sais me contenter de peu. Mon unique intérêt était la maîtrise de ma raisonnance, de cette malédiction frappant certains d’entre nous. Heureusement, depuis toujours, j’ai su prendre le temps qu’il me fallait. Je n’apprécie pas particulièrement le superflu, l’étalage de richesse et de possession, elle est pour moi symbole d’un manque à combler, là où la sobriété est la preuve d’un esprit clair et apaisé. Malgré cette clarté mentale, mes rêves sont constamment troublés, chaque soir. Si, avec le temps, j’ai su me contenter de peu de sommeil, il y a toujours cette mélancolie qui me hante : Si je n’étais pas maudit, comment vivrais-je actuellement ? Parfois, je regrette d’avoir été la cible d’une telle sentence divine, mais je remercie également les dieux de m’avoir donné la force de m’en sortir.

Placide, Attentif & Bienveillant / Stoïque, Intransigeant & Impartial :
De ma concentration sur la maîtrise de mon don est né un étrange calme, un calme reconnu, mais aussi plaint. Mon esprit est difficilement perturbable, ce qui en dérange plus d’un. Ma tranquillité leur paraît surnaturelle, comme le fruit d’une alchimie impie entre ma malédiction et l’entraînement de la Citadelle. Pourtant, ils sont tout aussi heureux de me savoir imperturbable, car de ce calme semble également s’échapper une grande attention et bienveillance. Ces mêmes qualités me suivent aujourd’hui encore, en tant que membre du Haut-Conseil. Toutefois, pour les familles des pauvres âmes frappées de la punition divine, je n’ai aucun remord à emmener leur enfant. Pour ces derniers, c’est parfois pire. Je suis intransigeant avec eux, il en va de leur bien après tout et, lors des rares mésententes ou même rixe, je me repose uniquement sur les faits, n’ayant, là encore, aucun regret à punir la partie en tord. Je fais ça pour leur bien après tout.

Charismatique / Indéchiffrable :
C’est un mélange étrange qui pousse à me dire charismatique. Si je n’ai pas à vocation de l’être, il arrive qu’on loue mon calme stoïque duquel découle tout de même un sentiment d’attention bienveillant donnant naissance à mon intransigeance. Ajouté à ma patience, nombreux sont ceux à ne pas hésiter à me questionner, à me demander conseil comme s’ils voyaient en moi une sorte de figure salvatrice au sein de la Citadelle. En de plus rare occasion, c’est un charme bien plus littéral qu’on me reconnaît, un charme qui, étrangement, est lié à mon ascétisme, à mon désintérêt matériel. Pourtant, tous ceux-là s’accorde sur une chose : Ils ne me comprennent pas, moi ou mes émotions. Mes sourires semblent sincères, mais à la fois complètement faux, c’est ce que l’on me rapporte le plus souvent. À croire qu’avec tout ce temps passé à la Citadelle, à m’occuper de pauvre hères maudits par les dieux, j’ai oublié comment être sincère.

HISTOIRE

Mon histoire commence à Valdéroc. En réalité, toute mon histoire lui est liée : Du début jusqu'à aujourd'hui. Deuxième enfant d'une petite maison noble sans prétention, cadet d'une unique aînée, tous furent particulièrement ravi de voir apparaître un héritier capable de transmettre le nom familial et, peut-être même, de l'élever dans la noblesse. C'est assez jeune que mes parents voulurent m'éduquer, faire de moi un parfait noble... C'est là que le destin s'est fait joueur et capricieux.

Le jour même de mon quatrième anniversaire, alors que je suivais un cours de littérature, on vint frapper à la porte de notre demeure. De suite, la domestique reconnue les habits tant redoutés en Valdéroc : Ceux de la Citadelle. Ils avaient enfanté une fille sans que les dieux ne la punissent et là, alors qu'ils parviennent à mettre au monde un héritier, les divinités venaient le leur enlever. Quand je disais que le destin ce faisait joueur. Comme j'en prendrais l'habitude plus tard, ils expliquèrent le pourquoi de leur présence : Votre fils va développer un pouvoir. Sans contrôle, il est en danger pour le monde. C'est avec regret et chagrin que je dus suivre les membres du Haut-Conseil de cette époque. En réalité, je garde peu, si ce n'est aucun souvenir de ma famille... Mais cela importe peu désormais.

Cependant, sur le chemin de la Citadelle, les membres du Haut-Conseil me détaillèrent intensément. Finalement, après un regard entendu entre eux, nous fîmes une halte devant l'entrée de la très crainte et secrète Citadelle. Durant cette courte halte, ils s'adressèrent à moi, m'affirmant qu'ils avaient décelé un gros potentiel en ma personne. J'allais suivre le même programme que les autres, mais à terme, je rejoindrais sûrement les rangs du Haut-Conseil, afin de remplacer un membre sortant.

Dès que cette discussion pris fin, je fus placer avec d'autres enfants, frappés de la même malédiction : Celle des raisonnances. Chaque jour, nos corps et nos esprits étaient mis à rude épreuves. Au début, il était simplement question d'éprouver nos capacités à résister, dès lors que l'aperçu était terminé, il était désormais question de découvrir le potentiel de chacun, en quoi consistait le pouvoir de chaque maudit que nous étions. Certains se renforçaient, d'autre pouvaient affectés l'esprit d'autrui, créer des illusions et j'en passe. À ce moment-là, les entraînements devenaient personnaliser.

Dans sa grande miséricorde, Ynestiolle m'avait prodigué la capacité de retourner un pouvoir contre son possesseur. En lui-même, c'est un don qui ce veut inoffensif, mais les conséquences peuvent devenir dramatique si je venais à retourner un pouvoir mal contrôlé. En apprenant cela, un seul objectif se grava dans mon esprit : Contrôler ce don et tenir jusqu'à ce que le Haut-Conseil tienne promesse. Si ces membres ne s'étaient pas fourvoyés à mon sujet, je finirais par être en mesure de rejoindre leur rang afin de venir, à mon tour, en aide aux personnes frappées par la punition divine.

Et ils tinrent parole. Aux alentours du jour de ma vingt-quatrième année, le Haut-Conseil me déclara prêt à les rejoindre. Mon don était contrôlé, je n'avais plus à rester aux milieux de ceux qui devaient encore faire des efforts pour maîtriser le leur. À compter de ce moment, les membres du Haut-Conseil de la Citadelle s'évertuèrent à m'éduquer à autre chose que mon don. J'étais le représentant de la Citadelle, je me devais d'avoir une éducation irréprochable. Lecture, écriture, mathématique, histoire, tout ce qui pouvait me donner une culture excellente et un goût prononcé pour la connaissance, toujours dans le but de guider les porteurs de raisonnance. Pour mon bien, au vu de mon don, il me fut rapidement enseigné les bases du combat au bâton, sait-on jamais, les familles ne sont pas toujours conciliante à laisser leur enfant partir si jeune, quand bien même celui-ci représente une menace.

Ce fut également l’occasion pour moi de me rendre à Asellus afin d’y recevoir mon ancre. Une ville particulière, étrange de mon point de vue. Peut-être qu’un jour, j’aurais l’occasion de plus amplement l’étudier, mais ce n’était pas là une priorité bien au contraire.

Pour l’instant et depuis bientôt trois ans, je suis membre du Haut-Conseil de la Citadelle et mon devoir est de protéger le monde en contrôlant le potentiel des jeunes gens de Valdéroc, quitte à les arracher à leur famille et à détruire leur vie.