À la recherche de la perfection ❁

Taelo est un jeune homme qui depuis tout petit se voit reprocher par ses proches le fait d’être beaucoup trop curieux, au point même d’en être parfois agaçant. Ses parents, d’humbles agriculteurs des plaines autour d’Antralys, ont eu beau mettre tout leur cœur dans son éducation, le garçon, têtu comme une mule, se bornait sans cesse et n’ont pas réussi à ne serait-c qu’estomper ce trait de caractère.

Tout n’est pas noir non plus, le garçon a tout de même développé des qualités qui lui sont fort utiles. Ainsi, il est souvent qualifié d’être une personne patiente et soigneuse. Aucun de ses choix n’est laissé au hasard, il est très réfléchi. De même, chaque tâche qu’il entreprend est réalisée du début à la fin, et ce, très proprement. C’est bien un des traits qu’on ne pourra pas lui reprocher. Toujours, il sera investi dans ce qu’il aime, peu importe le domaine que cela touche.

C’est sans doute le fait qu’il ait vécu sa vie dans une famille modeste qui explique qu’il n’a pas besoin de nombreux biens matériels et d’artifices pour être heureux, il se contente de peu. Bien évidemment, il ne refusera jamais une délicate intention. Heureux par nature, il trouve des points positifs dans chaque action, chaque évènement et refuse toute pensée négative. Cela l’aide sans doute à ne baisser les bras que dans de très rares cas.

Les légumes, les fruits, les fleurs, aucune plante (ou presque) n’a de secrets pour lui. Depuis sa naissance, il a grandi en plein champ et en a profité, souvent sans s’en rendre compte, pour en apprendre énormément sur la flore et la manière dont elle se développe. Certains diront qu’il a la main verte, lui préfèrera dire qu’il suffit d’écouter et d’observer ce qui nous entoure pour faire ce qu'ils appellent des miracles.

D’un point de vue plus "social", Taelo ne laisse quasiment jamais transparaître ce qu’il ressent, il peut donc être difficile de savoir ce qu’il pense lorsque l’on n’est pas habitué à le côtoyer et dans certains cas est difficile à cerner. Cependant, une fois qu’il accorde son amitié à quelqu’un, jamais il ne le laissera tomber et veillera à l’aider en cas de problèmes. C’est donc quelqu’un sur qui on peut compter, à condition de l’avoir mérité et d’avoir prouvé au jeune homme qu’on en vaut la peine.

HISTOIRE

Ce n’est que le début. Le début d’un quelque chose ou plutôt de quelqu’un. Une personne simple avec des rêves simples, mais qui devra faire preuve de qualités particulières afin d’atteindre son but.

Tout commença avec l’achèvement du pont de Valdéroc. Cet ouvrage, ô tant impressionnant, offrait enfin à la population de la cité de nouvelles aspirations.
Parmi tous les habitants de cette cité anciennement close, un jeune couple allait nous intéresser. Ces deux personnes qui partageaient leur vie depuis maintenant plusieurs années déjà, ne supportaient plus l’atmosphère de la ville, le pouvoir qu’exerçaient les magiciens et la peur qu’ils inspiraient. Ils se mirent donc en tête de surveiller de très près les découvertes qui étaient faites à la surface, sur les plaines maintenant accessibles. Quand tout serait prêt, ils pourraient enfin quitter les lieux pour mener une vie nouvelle.
La vie là haut ne semblait pas simple. Le couple hésitait longuement sur la date de leur départ. Alors vint un premier évènement, puis un deuxième. Il s'agissait de l’arrivée dans la famille de deux petits garçons qui venaient mettre à mal les plans que s’étaient imaginés le couple. Il leur faudrait attendre un peu plus avant de pouvoir partir.
Ainsi, après plusieurs années, lorsque plusieurs citadins décidèrent de sortir de leur trou à tous afin de mener une vie en surface, nos deux jeunes gens se joignirent à eux et trouvèrent que c'était le bon moment. Ils rejoignirent alors la petite ville d'Antralys, un des seuls endroits non isolés des plaines.

Dans le but de subvenir à leurs besoins, ils construisirent une ferme dans la campagne environnante. Il s’agissait d’une exploitation modeste mais qui pouvait leur assurer un petit revenu. Ils apprirent à travailler la terre et à se débrouiller seuls. Après deux années de dur labeur, la ferme s’avérait une réussite. Dans le même temps, un troisième enfant venait de naître, prénommé Taelo.

Ce jeune enfant reçu la simple éducation que ses parents pouvaient lui donner. Ils y mirent tout leur cœur et se consacrait à leur enfant dès qu’ils le pouvaient.
Quand il fut en âge de commencer à travailler, Taelo accompagnait son père dans les champs. Au grand dam de ses parents, le garçon ne semblait pas tellement s’intéresser à ce genre de travail et passait plus de temps à observer tout ce qui l’entourait plutôt que d’apporter une réelle aide. Ils essayèrent tant bien que mal à lui apprendre les rudiments de leur occupation mais rien n’y fit. Il s’entêtait dans ses observations de plantes et laissait de côté le maraîchage. Une passion pour les fleurs venait de naître et ne cesserait de grandir par la suite.

Après de longues années, ses parents abandonnèrent toute idée de le faire travailler. Heureusement pour lui, ses frères, eux, ne négligeaient pas la ferme. Ainsi, sa famille l’encourageait plutôt à chercher à faire quelque chose d’utile à au foyer, que ce soit dans l’artisanat ou dans un tout autre domaine.

Aux alentours de ses quinze printemps, Taelo prit la décision qu’il allait arrêter d’être un poids pour sa famille et se mit dans la tête l’idée de devenir fleuriste. Plus qu’une idée, il s’agissait là de son rêve. En effet, il avait passé les années précédentes autour de la ferme pour chercher toute sorte de fleurs et en faisait des bouquets qui égayaient la propriétés. Il s’était même essayé à les faire pousser en récupérant des graines. Afin d’atteindre son but, il commença à s’éloigner de plus en plus loin dans la campagne environnante pour trouver la fleur rare. Il savait que quand il la verrait, il la reconnaitrait. Tout n’était plus qu’une question de volonté et de patience. Ses parents, quant à eux, s’inquiétaient des absences toujours plus longues de leur fils. Néanmoins, jamais ils ne cessèrent de le soutenir dans sa quête, se rappelant qu’eux-mêmes avaient franchis de nombreux obstacles avant de mener leur vie tranquille dans la plaine.

A sa majorité, le garçon, devenu jeune homme, décida de quitter le foyer familial et de rejoindre la ville, Antralys, afin de gagner en indépendance et de se débrouiller par ses propres moyens. Il voulait que ses parents cessent de se morfondre à son sujet et ne plus dépendre qu’uniquement d’eux financièrement parlant. Le changement fut radical. Il troqua la vie à la ferme contre une minuscule maisonnette en bordure de ville. Il la préféra à un appartement légèrement plus grand pour la simple et bonne raison qu’il aurait accès à un jardinet. Cela lui permettrait donc de continuer ses activités.
Il fallut, tout de même trouver un autre travail afin de subvenir à ses besoins, la vente de fleurs n’octroyant qu’une très petite rente d'argent. Il enchaîna alors les petits emplois pendant de longs mois. Ses frères lui apportaient de quoi compléter ses revenus quand cela était nécessaire. La vie était difficile et beaucoup moins confortable, mais il ne quittait pas son objectif des yeux. Il savait ce qu’il voulait et donc ce qu’il fallait faire pour l’atteindre. Rien ne pouvait l’arrêter.

Un jour de printemps, alors que Taelo était en train de vendre les bouquets issus de sa cueillette matinale, il fut interpellé par un homme. À son plus grand étonnement, il s’agissait là d’un maître fleuriste qui lui expliquait qu’il admirait le travail que le garçon fournissait avec si peu de moyens. Ses créations n’étaient pas encore parfaites, mais il avait du talent, c’était évident. Il allait falloir travailler pour s’améliorer, cela n’allait pas se faire tout seul et il faudrait du temps. Justement le fleuriste lui proposait de lui octroyer ce privilège, lui donner de l’entraînement, lui fournir des conseils et tout l’attirail dont il allait avoir besoin.
La proposition de l’homme éclaira le visage de Taelo d’une expression nouvelle, il plein de joie et de reconnaissance. Pour la première fois, il fut totalement déstabilisé et mit de longs instants avant de se reprendre et d’accepter tout en remerciant infiniment son nouveau maître.

Depuis maintenant près d’un an, le garçon s’est mis au service du fleuriste rencontré ce matin printanier. C’était un souvenir gravé dans sa mémoire et rien ne pourrait en venir à bout. Il s’agissait là de la porte d’entrée pour atteindre son rêve. Il avait déjà appris énormément en un an, mais il en restait encore plus à apprendre. Il continuait également ses virées champêtres à la recherche de joyaux. Jamais il ne s’était senti aussi motivé et empli de joie. Plus rien ne semblait pouvoir l’ébranler dans sa quête, à la recherche de la perfection.